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Retour sur la 3ème édition du Festival de l'Écologie 2024, par Joseph Thomas

« Imaginez la bifurcation, Réécrivez les solidarités » : Histoire d'un mot …

 

Affiche Festival Ecologie St Jacut 2024 10 Web (2)

 

Du vendredi 13 au dimanche 15 octobre 2024, l'Abbaye de Saint-Jacut a vibré au rythme de la 3ème édition du Festival de l'Ecologie, rassemblant 170 participants autour du thème "imaginer la bifurcation, réécrire les solidarités". Cet événement a offert un kaléidoscope de réflexions profondes, de rires partagés et d'émotions intenses. À travers les mots de Joseph Thomas, nous revisitons ces moments mémorables qui ont marqué les esprits.

 

      Le mot-image « bifurcation » est porteur d'interrogations et invite à la mutation. Est-il l'un de ces récits dont nous avons besoin ? L'affiche d'invitation plantait le décor d'une terre bousculée, entourée et ouverte aux possibles. Ces derniers temps, les duretés du réel a imposé les évidences d'une lutte pour exister : catastrophes naturelles en série et climat diffus de guerre pérenne.

Damien Careme Festival De L'écologie 2024 Abbaye De Saint Jacut2

     Après un vendredi après-midi de découvertes du terroir en transition, l'invité Damien Carême, fort de son expérience de terrain, plaide en la séance inaugurale du soir, pour des prises de propositions concrètes : les petits pas de décisions locales qui entraînent l 'adhésion. Encouragement pour l'engagement dans la cité et pour lui aujourd'hui, dans les instances européennes. « Soyez mère, soyez maire » : La clown Craquotte résume d'un trait et embarque, de sa manière incisive et enjouée, le public conquis des 150 à 180 participants selon les moments. Le site, le cadre et l'accueil feront le reste.

 

     Festival De L'écologie 2024Le samedi fut le temps-fort du questionnement sur la dite « bifurcation ». Les témoins invités réunis autour de la journaliste de « La Vie » déclinèrent le thème chacun à partir de son lieu. Foucauld Giuliani, du jeune mouvement « Anastasis » revisite les fondements du christianisme social, tourné vers un avenir spirituel qui n'aie pas peur du politique. Il s'agit bien de changer nos modes d'existence « en contexte d'apocalypse » !

 

Joël Labbé Festival De L'écologie 2024Joël Labbé qui connaît si bien l'exercice du tissage des liens en tant que maire et en tant que sénateur développe l'histoire de son combat contre les pesticides et évoque les « trajectoires » à inventer qui soient suffisamment emballantes pour les jeunes, toujours en risque d'éco-anxiété. Robert Coudray, en créateur d'imaginaires à la fois ludique et social, en son lieu de Lizio, insiste : la source du changement est dans la bifurcation intérieure. « Rien ne changera dehors si on ne change pas soi-même- ». C'est ce que semble reprendre l'image proposée par Florence-Marie Jégou : comme un fleuve, la vie nous pousse à des changements constants. Il s'agit pour chacun de quitter l'exo-squelette qui fournit une sécurité craintive et d'intégrer l'endo-squelette qui relie chacun avec le vivant. On a pu retenir l'expression : à chacun de se déplacer par composition provisoire ou mieux encore par « constellation ».

 

     Atelier Festival Écologie 2024De fait, en cette table-ronde et son prolongement sous forme de dialogue avec la salle, la bifurcation semble moins une utopie de société, à la manière de l'IA ou de l'envol vers Mars, qu'une mutation de cohérence intérieure et de liens concrets. Un acquiescement au réel cruel et une insertion des possibles. La politique mérite aussi d'être honorée. A plusieurs reprises, le poids colossal des lobbies et groupements financiers s'impose comme une véritable menace. Les gestes quotidiens, eux, furent constamment convoqués.

 

     Expo 5024 Festival Écologie 2024Les ateliers de l'après-midi - précédés d'une marche jusqu'à la pointe de la presqu'île - articulaient les deux dimensions : Imaginer la bifurcation mais aussi réécrire les solidarités. On ya traité de l'eau, de l'église verte, du bon samaritain, d'habitat léger, d'éducation populaire, des scouts, d'utopie réaliste, du partage des terres, etc. ateliers choisis. Les partenaires : CMR, CCFD, La Vie, CVX, Communauté des méditants, Scouts de France, proposent en différents lieux des animations spécifiques. Cette année, une heureuse contribution de plus jeunes à travers une exposition des travaux artistiques des 4èmes du collège proche de Créhen. Imagineur 5024 ! Quelle sera la flore nouvelle ?

     

     Loups De Passage Festival Écologie 2024 2La soirée artistique fut animée par le concert d'un trio breton : Les loups de passage. Fluide, tonique, vivant, apprécié, chaleureusement applaudi. Les talents proches ne manquent pas, au plus près de nous. A retrouver.

 

     Le dimanche, après une introduction poétique de l'ami poète Jean Lavoué, (Écrits de l'arbre dans le soleil), une seconde table ronde était davantage centrée sur les solidarités nécessaires. Elle réunit des acteurs engagés dans le combat écologique inventant des voies de solidarité. Sylvie Bukhari de Pontual, avocate, défenseure des droits de la planète et de peuples au nom du CCFD, soucieuse d'élargir les postures mondialisées au « multilatéralisme d'en-bas »… Caroline Ingrand-Hoffet, pasteur (des zadistes) l' a t-on nommé quelquefois, partage à partir de sa paroisse de Kolbsheim, une proximité avec les jeunes engagés dans les luttes écologiques. Sur le terrain. Où sont donc les prêtres ? interroge-t-elle, en nous laissant sa question douloureuse… Frédéric Mathis était représenté par Cécile Gueguen qui évoqua avec brio l'Education populaire, à travers les Ecoles de l'Etre que se diffuse dans le Midi : un effort pédagogique en direction des « décrocheurs » scolaires en lien avec l'écologie comme ressource. Le débat qui a suivi manifeste à la fois les inquiétudes et les initiatives pour irriguer l'espace… Les jeunes sont souvent nommés, comme les témoins privilégiés des bouleversements inquiets. Vrai défi.

 

     Image 4148Quelle bifurcation ? Le mot renvoie à l'arbre dont le tronc bifurque en deux branches formant une fourche, ou bien à la sortie de l'autoroute en cas de nécessité… Nous n'avons rien entendu des nouveaux mondes imaginaires paradisiaques ou presque. Nous n'avons rien vu non plus des désespérances apocalyptiques. Le climat général fut à l'image de l'Abbaye, serein et, plus que cela, joyeux. L'Abbaye fait partie de ces lieux rares et des moments où le travail intérieur invite au sursaut et à l'engagement. Au plus près de soi, en solidarité active. Gageons que tel sera encore le cas. La célébration finale, haute en couleurs et rythmée à souhait, aussi œcuménique que possible - et pourtant blessée - fut un hymne à la création en croissance.

 

     Image00357Craquotte, notre clown porte-voix pour l'occasion sut, en quelques mots raccrochés à l'arbre, nous reconduisons à l'Essentiel : Célébrer la rondeur et la douceur des mondes, c'est aussi célébrer au coeur, l'arbre- Christ qui appelle au plus près de soi. Bifurquer comme l'appel radical à choisir la vie étant donné que figure l'Agneau vainqueur : « Tu choisiras la vie. »

 

     Parmi les retours entendus, l'heureuse expression de Sylvie Bukhari sur le « multilatéralisme d'en-bas » revient souvent !!! Une maison ne se commence pas par le toit mais par la base. Une construction qui tient est creusée de racines (plusieurs ont rappelé leurs sources familiales) mais aussi des multitudes d'initiatives en forme de pas de côté pour accueillir, pour aider, pour se projeter. Les partenaires de l'événement : autant de « pas de côté » qui se concertent, s'appellent, s'appuient les uns les autres ont fait du Festival une fête pour le sens. Dans un écrin porteur et convivial, jusqu'à la cuisine adaptée avec bonheur. Merci à tous.

           Joseph THOMAS

           

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