A la recherche des racines de l'Abbaye
A l'Abbaye ces temps derniers, c'est comme dans la chanson des Quatre Barbus (ou plus exactement de Boris Vian), on creuse ! Aurions-nous mis la main sur la sépulture du grand et bon saint Jacut ? Et non, pas encore !
Il fallait "seulement" déplacer la statue en pin située au centre de la Terrasse afin de la poser délicatement dans le potager, pour son dernier repos. Auprès d'elle, chacun.e peut désormais méditer sur la fuite et l'effet du temps. Car son bois était altéré au point que l'oeuvre pouvait s'effondrer du jour au lendemain et occasionner ainsi un accident. L'auteur de la sculpture, David Puech, était heureusement à la manoeuvre pour l'atterrissage. Mais il restait la souche, elle bien arrimée aux profondeurs et surtout bien décidée à y rester. Quelques-uns rapprochaient le paysage de désolation ainsi créé de l'impact d'une météorite, une envoyée du ciel tout de même, quand d'autres ironisaient sur la carte à venir de la Terrasse : "Venez goûter nos nouveautés : une infusion de racines de pin accompagnée d'une délicieuse glace à la terre glaise". Certes, on aurait pu imaginer bâtir là un petit autel à nouveau propice à la méditation, cette fois sur l'enracinement cher à Simone Weil avant qu'une machine ne s'emparât moins philosophiquement et plus énergiquement du pied de feu l'auguste pin de l'Abbaye. Certains voulurent rappeler le sculpteur, en l'invitant à créer une nouvelle oeuvre au travers de cette souche imposante et déjà quasi mystique. Confucius n'aimait-il pas enseigner que "le sage donne son principal soin à la racine" ? Mais ce jour-là, l'Abbaye ne fut pas sage et il fallut en convenir et disons-le franchement, peut-être aussi un peu s'en réjouir : "Halala, elle s'est malheureusement brisée quand le tractopelle l'a déposée dans la benne." Un poète qui passait par là a eu les mots justes : la souche a tout simplement pris son... Envol !